Créativité et innovation en politique : est-ce possible ?

Introduction

La créativité, l’invention ou l’innovation sont des mots qu’on rencontre dans notre quotidien. Dans la vie courante, au travail comme à l’école ou à la maison (par exemple en essayant de parfaire l’éducation des enfants) , le terme amélioration est si omniprésent qu’on ne lui associe plus une intention positive, mais seulement le sentiment d’une pression dérangeante. Même en les entendant souvent, nous avons du mal à discerner des différences significatives : nous pensons en définitive qu’il s’agit seulement de quelque chose de nouveau, plus utile, plus performant et … moins cher !

Pour les dirigeants d’entreprise, pour la classe politique et parfois pour les journalistes, l’innovation et la créativité sont devenues des concepts plutôt élaborés, bien décrits et assez bien circonscrits. Ils sont associés en permanence à l’efficacité économique ou aux performances individuelles, voire collectives mais personne n’ose les «appliquer» aux utilisateurs mêmes de ces mots. Si des dirigeants abusent souvent de ces concepts, ils ne se les appliquent jamais à eux-mêmes. Nul besoin de vous démontrer qu’il serait très instructif d’apercevoir quelques résultats de cet usage «réflexif»…

dessin cheval de troie devant les murs de la cité

 

Associer innovation et créativité à la vie politique n’est pas une tâche évidente. Avant d’esquisser leurs rôles et leurs utilisations par le personnel et les institutions politiques, il nous faut clarifier les sens qui leur sont communément attribués.

 

Les milieux économiques se sont approprié la notion d’innovation et on utilise plus souvent la notion de créativité dans les milieux artistiques, scientifiques voire éducatifs.

L’inspirateur de la partie descriptive suivante est l’article Wikipedia consacré à l’innovation.

Innovation : définitions, classifications

Il n’existe pas de définition consensuelle de l’innovation. Le terme est utilisé de nos jours comme un concept « économique », vu en général comme un processus, une démarche (donc descriptible et quantifiable) et, par certains, comme un résultat. Le plus important c’est le fait qu’une «entreprise» soumise à une pression concurrentielle innove pour se maintenir sur ou pour conquérir un marché.

Par exemple, pour Arnaud Groff L’innovation c’est la «capacité à créer de la valeur en apportant quelque chose de nouveau dans le domaine considéré tout en s’assurant que l’appropriation de cette nouveauté se fasse de manière optimale». Ainsi les trois piliers de l’innovation sont : la nouveauté relative, la valeur et la maîtrise de la conduite du changement.

On classifie les innovations en deux grands types :

L’innovation incrémentale (ou cumulative), qui consiste en de modestes, graduelles et continuelles améliorations de techniques, de produits ou de services existants ; elle ne change généralement pas fondamentalement la dynamique d’une industrie, ni ne requiert un changement de comportement des utilisateurs finaux. Elle ne bouleverse ni les conditions d’usage ni l’état de la technique, mais y apporte une amélioration sensible.

L’innovation radicale (ou de rupture), qui modifie profondément les conditions d’utilisation des produits ou services par les clients et s’accompagne en général d’un bouleversement technologique. Si l’innovation est technologique, la technologie dite «de rupture», telle que définie par Clayton M. Christensen dans Innovator’s Dilemma (1997) est initialement sous – performante par rapport aux besoins du marché principal, mais ses progrès la conduisent finalement à y répondre, tandis que c’est la technique dominante devient sous – performante. Cette technologie dormante peut mettre longtemps à progresser, ce qui est valable également dans le cas d’une innovation de modèle économique.

Parfois, on mentionne l’innovation architecturale : dans un ensemble de composants où chaque élément a une fonction spécifique et est lié avec les autres composants, on peut changer de place ou de fonction à certains composants, voir « importer » de composants inattendus….

Facteurs favorables à l’innovation

À l’instar des activités de création, l’innovation repose sur une économie de la quantité où les succès sont rares et souvent difficiles à prévoir, et où la quantité de projets menés en parallèle permet l’équilibre économique de l’ensemble. Il ne s’agit pas de remettre en cause l’opportunité de grands projets…, mais de souligner la nécessité,… de ne pas se focaliser sur l’innovation de rupture, difficile à prévoir, plus encore à planifier. Une trop forte volonté de planification et de tri a priori peut assécher l’ensemble.

 

Des facteurs reconnus comme essentiels pour favoriser la capacité d’innovation sont :

La transversalité consiste à faire travailler ensemble des services et des individus différents afin de profiter de la complémentarité des compétences.

La diversité des équipes génère une ouverture et une curiosité pour ce qui est différent. C’est la confrontation des optiques discordantes qui permet d’appréhender les questions de manière inattendue et génère une nouvelle approche des sujets, stimulant ainsi la créativité. Or, la diversité intègre de nombreuses dimensions. Elle porte d’abord sur l’âge, le profil sociologique et la culture des personnes participant au processus d’innovation. À cet égard, plusieurs des dirigeants rencontrés soulignent l’importance de la multi culturalité dans leurs équipes.

Dans les domaines liés aux sciences, l’innovation naît souvent d’équipes pluridisciplinaires : un savant a plus de chances d’innover en s’éloignant des noyaux traditionnels de sa discipline pour avancer vers ses zones frontalières. Le progrès s’accomplit de manière croissante aux interstices des disciplines.

 

Le rôle essentiel des mentalités, de l’appréhension du risque et de l’échec. Tous les dirigeants d’entreprises rencontrés, quel que soit leur pays d’implantation, l’ont souligné : l’innovation est principalement affaire de mentalité. D’abord parce qu’elle exige de voir autrement les produits ou les activités de l’entreprise, mais aussi et surtout parce qu’elle implique de l’audace et une forte prise de risque.

«Pour une nouvelle vision de l’innovation», Pascal MORAND, Delphine MANCEAU (pg 9 et 52-54)

On peut suivre une présentation du sujet par les auteurs ici  (vidéo de 8 minutes).

Contexte : le capitalisme de l’innovation intensive

Plusieurs modèles de développement économique basés sur l’innovation ont vu le jour ces dernières années. Nous connaissons tous l’aura de la Silicon Valley, un modèle générique pour les métropoles, les pôles de compétitivité et les clusters en général.

Il y a plus de dix ans Richard Florida (son site en anglais), s’est fait connaître en développant le concept de « classe créative », qui désigne une population urbaine, mobile, qualifiée et connectée. Il a développé sa vision dans un livre devenu un best-seller aux États-Unis, The Rise of the Creative Class (2002). Cette classe se définit principalement par le Talent, la Technologie et la Tolérance.

Il a voulu démontrer qu’il existe une corrélation entre la présence de la « classe créative » dans les grandes villes et un haut niveau de développement économique. La classe créative est attirée par les certains lieux de vie dont elle renforce encore l’attractivité. Ainsi se crée un cercle vertueux, le talent attirant le talent, mais aussi les entreprises, le capital et les services.

À partir de ces théories sur l’importance des classes créatives, Richard Florida a analysé l’effet de la mondialisation sur l’espace non pas comme lissage du monde (thèse que défend notamment Thomas Friedman), mais bien au contraire comme une augmentation des contrastes à tous les niveaux.

Un petit clin d’œil à un blog :

…il est difficile de saisir les dynamiques d’innovation sans s’intéresser aux écosystèmes qui les engendrent. Malaise, Kenya, Mexique… nous avons la conviction que l’innovation la plus radicale émerge de ces pays en mutation accélérée ; des pays où les jeunes jouent un rôle moteur, faisant apparaître de nouveaux comportements et de nouveaux métiers.

 

S’il est vrai que les principales transformations intervenues dans la valeur (économique) ont conféré à la capacité d’innovation d’une entreprise un rôle de plus en plus stratégique, la transformation rapide de l’identité des objets et des modes de consommation, concomitantes à l’exigence pressante d’efficacité des puissances financières, ont généralisé et banalisé l’innovation.

  •     Quelle est aujourd’hui la fonction d’une paire de lunettes ?
  •     Comment distinguer un médicament d’un aliment ?
  •     Pourquoi posséder une voiture pour se déplacer ?
  •     Une chaine de télévision conçue autour de la publicité qu’elle diffuse, nous informe-t-elle comme on le souhaiterait ?
  •     Un journal (ou autre service internet, chiche !) gratuit l’est-il vraiment ?

Sont juste quelques questions qui ont bouleversé des mécaniques bien rodées et des modes de pensée élaborées (souvent promus par des individus extra bien rémunérés). L’époque des chefs charismatiques, courageux, obstinés, avec une vision claire est apparemment révolue.

La vraie question aujourd’hui c’est «comment innover quand on ne sait plus ce que l’on doit inventer».

Au croisement de la révolution numérique et de l’économie créative, la distinction entre «classe travailleuse» et «classe créative» est en train de s’estomper. L’avènement d’une société de partage et de contribution déplace la question de la distinction : entre le travail, vu comme une activité motivante et intéressante, et l’emploi, qui permet seulement de vivre ou survivre.

Aujourd’hui, on croit que la valeur réside dans les données et les algorithmes qui les exploitent. Pour simplifier, sans trop dénaturer, si Google répond à la question «quoi» et Facebook à la question «qui», une bataille rangée est en train de sévir pour s’approprier la question «où». Le lauréat sera celui qui trouvera le traitement de la question « comment » !

De l’économie de la connaissance à l’économie contributive

Les expressions économie du savoir, économie de la connaissance ou économie de l’immatériel … désignent ce qui serait une nouvelle phase de l’histoire économique dans laquelle, selon certains économistes, nous sommes entrés depuis la fin du siècle dernier. En valorisant sur le plan marchand les connaissances, grâce à l’octroi de plus en plus étendu de droits de propriété sur des savoirs ou de l’information qui faisaient jusque-là partie des « biens communs » : connaissance produite par les professionnels du savoir (chercheurs, universitaires), des sociétés traditionnelles où le droit de propriété intellectuelle n’existe pas ou enfin de l’information disponible dans la nature (codes génétiques), les sociétés « post-industrielles », notamment celles de tradition anglo-saxonne, ouvrent de nouveaux espaces marchands sources de croissance, mais également de rentes monopolistiques pour les détenteurs de ces nouveaux droits.

 

Cette discipline économique pose des problèmes originaux, tant théoriques qu’empiriques, notamment sur la mesure de la connaissance et donc sur sa valorisation. (L’économie de la connaissance, par Dominique Foray)

« Je te donne ma montre, je n’ai plus de montre; je te donne l’heure, j’ai toujours l’heure. »

Philippe Lemoine

Cette formule résume bien une des vertus de la connaissance : celui qui la dispense ne la perd pas. C’est une particularité qui a permis l’apparition de nouvelles activités économiques, de partage et de collaboration, comme par exemple le développement des logiciels non propriétaires (dits libres ou open source).

L’économie des contributions est une forme de création de richesse encore inédite. L’économie contributive s’impose comme une diversification de l’économie productive que nous connaissons. Elle a pour objet d’acter le fait qu’une civilisation ne se limite pas à la régulation du marchand et du régalien, mais de bien d’autres choses qui vont faire l’attractivité des nations.

Geneviève Bouché

On peut mieux comprendre l’économie contributive en regardant une courte vidéo (9 minutes), de Simon Lincelles

Innovation ouverte : une tendance prometteuse

L’innovation ouverte (Open Innovation) postule qu’il est plus efficace et rapide – dans un esprit de travail collaboratif – de ne plus se baser principalement sur sa seule et propre recherche pour innover.

Plus largement, on peut inclure dans l’innovation ouverte la création de nouveaux modèles économiques construits sur la base d’idées empruntées à des domaines différents et constituant malgré ces origine diverses un tout cohérent.

Comme le laisse penser la similitude des noms, open innovation a certains rapports avec l’open source, sans en être un équivalent. Open Innovation et Open Source s’appuient sur les valeurs et outils juridiques de protection de la propriété intellectuelle, mais pour en permettre le partage.

Il peut aussi s’agir de diffuser de l’information sur les solutions qui ne marchent pas, afin que d’autres ne répètent pas les mêmes erreurs ou trouvent des causes d’échec non détectées par les premiers.

Créativité

caricature boef - cheval de Troie allusion spanghero

 

La créativité est souvent approchée à l’aide de termes issus de la psychologie. Ainsi, la créativité c’est du don, du talent, de l’imagination, de l’inspiration, de la capacité combinatoire…Elle peut être parfois provenir d’une sorte de furetage, fouinage  (la sérendipité)

.

La sérendipité est, à l’origine, le fait (pour une découverte scientifique ou une invention technique) d’être ou d’« avoir été » faite de façon « inattendue » car accidentellement, à la suite d’un concours de circonstances fortuit ; et ceci souvent dans le cadre d’une recherche orientée vers un autre sujet.

 

Plusieurs personnalités qui se sont intéressées aux facteurs favorisant le développement de la créativité et les particularités des gens créatifs, ont mis en avant quelques vérités empiriques, confirmées dans la pratique :

-Les gens créatifs sont intelligents, au moins dans le sens du QI, mais dans la moyenne ou juste au-dessus.

-Une personnalité créative accorde une valeur importante aux valeurs esthétiques, elle a des centres d’intérêt multiples et un champ très large où elle manifeste sa curiosité. Elle dispose d’une multitude de ressources qu’elle ré combine en de nouvelles solutions. Elle possède une certaine attraction vers la complexité et une habileté à gérer les conflits ainsi qu’une haute capacité à se motiver, parfois même obsessionnelle.

-Dans les arts et dans les sciences les découvertes se font en transgressant les lois. Dans les deux cas, on essaie de représenter la réalité au-delà des apparences. Dans les moments de la « vision créative », les frontières entre « artistique » et « scientifique » disparaissent. La double culture – scientifique et artistique – est une très forte source d’inspiration. L’inspiration se situe le plus souvent à l’extérieur des préoccupations habituelles.

-La créativité arrive à ceux qui savent attendre, se complaisant dans un état de « brouillard permanent ». Les idées peuvent incuber dans le subconscient parfois pendant des mois, voire des années.

-Les deux étapes de la créativité, l’inspiration et l’élaboration, se caractérisent par des niveaux d’activité cérébrale différents : plus cette différence est grande, plus créatives sont les idées produites. Ceci explique pourquoi le sommeil et la relaxation aident les gens à être plus créatifs.

-Une part de la créativité est un processus conscient d’analyse et d’évaluation des idées. Plus on essaie et plus on fait d’effort, plus on y arrive. L’activité créative au travail (ou scientifique) n’est pas obligatoirement une « torture » solitaire. Elle se produit plus souvent quand les gens sont positifs et pleins d’entrain. La pression temporelle ou financière, voire la perspective de grandes primes ou bonus, ne stimulent pas la créativité. La motivation intérieure, et pas la coercition, produit le meilleur effet. Pour être réellement créatifs, les gens ont besoin de confiance et d’un tissu social confortable (il existe au moins une personne qui ne pense pas de vous que vous êtes un « nul »). C’est aussi pour cela qu’il existe des endroits et des régions plus créatives que d’autres. Certaines grandes universités, des grandes villes tolérantes et ouvertes sont plus créatives.

-Un des aspects les plus importants du processus créatif c’est l’immersion. Il est en général nécessaire de passer beaucoup de temps sur un sujet, sans forcément arriver quelque part, essayant des idées qui ne marchent pas. Les erreurs jouent une place importante dans ce processus.

En octobre 2005, la revue « New Scientist » a consacré tout un numéro (2543) à la créativité.

Production des idées politiques innovantes

L’innovation politique consiste en la production des idées nouvelles, à partir de l’observation des expériences passées et présentes et de l’évaluation des perspectives. Un parti définit un objectif donné, formule des recommandations de mise en œuvre et rassemble autour de ses propositions. Puis, une fois « aux commandes », les met en application. Mais ça c’est de la théorie.

En réalité, un parti politique ne prend pas le temps de la réflexion. Son mot d’ordre c’est la réaction ! Devant la complexité des structures économiques et des connaissances scientifiques mais également par peur de l’éventuel décalage par rapport à ses électeurs, il s’entoure des instances à même de compléter son impuissance et son ignorance : les instituts de sondage et des «laboratoires d’idées», que l’on appelle également think tanks.

Mais ces think tanks ne sont ni impartiales ni politiquement neutres. Et de toute façon, même si elles l’étaient, elles n’ont pas le temps d’approfondir une question et de donner des réponses compatibles avec les injonctions médiatiques ou les échéances électorales.

Aussi, constate-t-on une inadéquation structurelle de la société politique dans sa capacité à proposer des idées novatrices.

Partis politiques et innovation : comment ça marche ?

Pourquoi a-t-on eu besoin de parcourir les 8 chapitres précédents pour poser les quelques questions qui nous intéressent vraiment ?

Parce que nous devons en tirer une conclusion importante : la créativité et l’innovation ne sont pas des processus qui ont lieu spontanément, naturellement. Sans contraintes, sans pression extérieure, sans une certaine tension….., sans conditions favorables à leur éclosion, elles ne s’amorcent pas et ne se réalisent pas.

Est-ce que les partis politiques « traditionnels » accordent assez d’importance à l’innovation ?

Apparemment non ; l’image que nous en donnent les médias c’est plutôt « ni classe travailleuse, ni classe créative » ! Il y a pourtant des personnes créatives dans ces partis ; certains approfondissent des sujets, auditionnent des experts, publient des rapports….puis il n’y a pas grande chose qui se passe. L’intelligence collective des partis est probablement inférieure à la somme des intelligences individuelles qui les composent.

Est-ce que les partis politiques traditionnels peuvent devenir innovants ?

Une première réponse rapide serait non. Aucun des facteurs favorables à l’innovation ne les caractérise hélas. Ceux qui se ressemblent se rassemblent ! La diversité et la multi culturalité ne sont pas les attributs les plus pertinents de leur composition. Leurs méthodes de travail n’accordent que peu d’importance à la transversalité et, l’audace, si nécessaire pour assumer les risques, ne peut pas être au rendez-vous non plus. Ces partis ont des organisations pyramidales, archaïques, très éloignées de structures collaboratives favorisant innovation ouverte ou le partage.

En nuançant un peu, on peut également répondre : oui, si on les contraint ! La société civile, les électeurs, obligent parfois les partis et les élus à innover.

Quelques exemples d’innovation politique : négatifs mais aussi positifs !

  • Le premier exemple que je propose concerne la Hongrie. Suite aux dernières élections législatives (2010), un parti (Fidesz) a obtenu la majorité absolue. Et qu’est-ce qu’il fait avec ce pouvoir exceptionnel ? De l’innovation «architecturale», mais dans un mauvais but : il a réutilisé et combiné des anciennes recettes du «parti état stalinien» des années cinquante pour consolider son pouvoir, pour éliminer toute opposition et pour empêcher une éventuelle future alternance. Comme si la désastreuse situation socio-économique du pays ne lui imposait pas des efforts surnaturels de créativité pour trouver des solutions à deux décennies de gâchis récurrents.
  • Tout le monde connaît l’histoire Berlusconi – une innovation de rupture n’est-ce pas ? En utilisant des techniques efficaces de marketing et les moyens de ses entreprises média, il est arrivé au pouvoir, avec un parti qu’il venait de créer pour ce seul but, sans vraiment proposer un nouveau projet politique. Comme un vrai homme d’affaires, sans éthique, par la seule capacité des moyens mis en œuvre, il s’est imposé à «un marché» qui n’a jamais demandé un «tel produit».
  • Plus positif, la mise en place de la récente coalition gauche – droite en Allemagne (un peu contre nature pour beaucoup de politiques), et l’entente aboutissant à la formation d’un gouvernement après 18 mois de crise politique en Belgique (2010 – 2011) sont des « innovations » résultant des pressions externes. Sans ces conditions inconfortables crées par les électeurs, aucun parti n’aurait proposé ce type d’adaptation par lui-même. C’est à nous donc de créer des situations inhabituelles pour les partis et les élus si on souhaite qu’ils proposent de nouvelles solutions.
  • Encore mieux, toujours en Italie, cette fois ci avec une motivation éthique évidente, répondant à un désir «relativement mur» des électeurs pour un renouvellement de la classe politique, un acteur connu (Beppe Grillo) a utilisé sa notoriété pour créer un parti citoyen (Cinque Stelle) et faire ainsi élire au parlement et au sénat des députés «inhabituels», correspondant à environ un sixième des effectifs des chambres. Mais le processus d’innovation reste inachevé, car si la rapidité du « phénomène Grillo » a bousculé l’ordre établi, le projet politique proposé reste incomplet et, parfois, incohérent.

 

Qui est Didier ?

J’ai 59 ans et je suis physicien et enseignant dans une école d’ingénieurs du numérique. Je vis à Lille depuis plus d’une dizaine d’années. Auparavant, j’ai travaillé à Paris dans une grande école du cinéma français, et, durant les années quatre-vingt dix, en Bretagne, notamment à Rennes. Né en Roumanie, avec une mère de langue maternelle hongroise et un père de langue « paternelle » allemande (car sa famille était d’origine autrichienne), j’ai grandi à Arad et j’ai fait mes études dans la ville universitaire de Cluj. Les aspects multiculturels font ainsi parti de mes gênes. C’est donc dans la ville de Cluj – Napoca que j’ai commencé mon activité professionnelle, dans un laboratoire de contrôle de la qualité (contrôle non destructif plus précisément) d’une grande usine métallurgique. Mes principales valeurs sont la liberté, celle individuelle exercée en respectant celle des autres, et la solidarité, défendue et assurée par un état de droit. Par ailleurs, je me reconnais bien dans les valeurs présentées par le Parti Pirate Belge. Si on y jette un regard, on remarque quelques valeurs audacieuses et un peu moins habituelles : cosmopolitisme, partage, objectivité… Lire la suite...

Comments are closed.